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200 – L’importance de comprendre et d’exprimer les émotions

L’importance de comprendre et d’exprimer les émotions

Tullio De Mauro, linguiste italien, définit les émotions comme des expériences psychiques intenses accompagnées de réactions physiques et comportementales.

Robert Soussignan, psychologue du C.N.R.S. et Maître de conférence à L’Université de Reims, affirme que les émotions donnent « couleurs » à nos expériences quotidiennes.

Il est fondamental d’identifier nos expériences, d’en comprendre les causes et les conséquences possibles.

Comme l’explique Paulo Lopes, psychologue de la Yale Université, l’intelligence émotionnelle favorise la qualité de nos relations et aide à régler les conséquences de nos émotions.

En effet, elles favorisent ce mécanisme qui est à la base de la socialisation et qui prend le nom de : Empathie.

L’Intelligence Émotionnelle

L’intelligence émotionnelle passe à travers la notion de besoin de l’être humain, car les émotions sont enracinées dans des besoins satisfaits ou insatisfaits et sont produites par des événements plus ou moins fortement liés à ces mêmes soins.
Par exemple, la tristesse a ses racines

• dans un besoin de partage non satisfait ou
• dans la solitude d’un individu ou
• dans le drame d’un roman ou d’un film particulièrement dur ou
• dans un résultat sportif négatif.

Compte tenu de cette hypothèse, comprendre le sens d’une émotion, c’est :

• évaluer les besoins personnels, les nôtres et ceux des autres,
• vérifier la mesure de satisfaction,
• identifier les causes qui ont produit cette explosion émotive, sans s’attarder aux plus immédiates mais s’interroger sur les plus profondes,

Cette démarche nous permet d’analyser de plus près ce qui nous entoure et, en dernière observation, de comprendre pour parvenir à nous comprendre.
Se comprendre pour comprendre les autres.
Mais ce processus d’intelligence émotionnelle ne peut pas rester une fin en soi.

Il doit se manifester et se rapporter au monde : nos émotions doivent donc être exprimées une fois identifiées et comprises.

Le langage et les émotions

Le dépassement de ces deux conquêtes – reconnaître et comprendre les émotions – comporte l’implication

• de notre langage,
• de notre capacité d’expression,

dans la sélection intérieure que nous faisons du choix de notre vocabulaire.

Afin d’identifier les mots justes pour exprimer ce que nous ressentons sans que le phénomène émotionnel modifie l’expression.

• Savoir trouver les paroles justes,
• donner un nom à ce que nous éprouvons,
• parler avec les personnes proches,
• partager notre monde intérieur avec ceux qui nous entoure.

Avec pour objectif :

• de rendre la vie plus facile,
• d’améliorer de façon remarquable nos relations sociales,
• d’apporter un bienfait à notre santé.

Éprouver une émotion et communiquer aux autres nos impressions, avec des mots clairs, simples, adaptés à notre interlocuteur, fait participer ce dernier à nos expressions et nous récompensent énormément.

Alessandro Manzoni (écrivain-poète 1785-1873) dans le XIème chapitre de son chef d’œuvre (Les Fiancés – 1827) dit « une des plus grandes consolations de cette vie est l’amitié ; et une des consolations de l’amitié est celle d’avoir quelqu’un à qui confier un secret. Désormais les amis ne sont plus deux à deux comme les mariés… ceci forme une chaîne dont personne ne pourrait trouver la fin ».

Les conséquences de cette fragmentation sociale sont surtout le renforcement des liens sociaux entre le narrateur et l’auditeur.

Manzoni appelle ce processus avec le terme amitié, mais nous parlons exactement de la même chose.
« L’émotion démonstrative suscite une émotion congruente chez l’auditeur » explique dans son travail Moira Mikolajczak, Docteur en psychologie à L’Université catholique de Louvain, et elle continue ainsi « si la communication est facilitée, les personnes se soutiennent et s’apprécient plus ».

Exprimer les émotions

L’expression des émotions aurait un effet positif sur les relations sociales et une étude conduite en 1994 de Nancy Collins et Lynn Miller de l’Université de Buffalo a démontré que les personnes qui confient des informations « intimes » sur leur compte sont plus appréciées de celles qui se limitent à des informations « classiques ».

Bien entendu il est important de savoir exprimer ses émotions, car de là dérivent des effets positifs ou négatifs en fonction des capacités de chacun.

Toutefois, les normes sociales de certaines sociétés ou de certains environnements professionnels interdisent aux personnes de partager leurs émotions et ce camouflage produit des effets généralement néfastes, comme le démontre les recherches de James Gross, psychologue de la Stanford University.

Gross a constaté « que le simple fait de simuler l’émotion éprouvée provoque une augmentation des paramètres physiologiques associés, comme si les effets cachés de l’émotion se trouvaient renforcés dans le sujet ».

Il précise notamment que les personnes qui ont l’habitude de dissimuler leurs émotions vivent moins d’émotions positives et font bien plus d’expériences négatives durant un échange verbale avec les autres.
Ces études ont aussi démontré que le fait de cacher la colère cause des troubles du sommeil chez des personnes qui souffrent de maladies coronaires et que cette inhibition émotive prolongée peut altérer le fonctionnement du système immunitaire.

Le vocabulaire émotionnel

Comme l’explique Moira Mikolajczak, « savoir donner un nom à ce que nous éprouvons, en parler aux personnes qui nous sont proches, partager avec notre environnement de notre monde intérieur sont des composants essentiels des compétences émotionnelles qui nous rendent la vie plus heureuse et mieux adaptée à la réalité sociale ».
D’autre part, cette faculté émotionnelle améliorent notre santé.
Ces études démontrent que la vie sociale comme celle de tout couple se base aussi sur la capacité de savoir contrôler et convenablement définir ses émotions.

Une personne qui maintient le contrôle de soi est toujours appréciée en société et en famille.

Les personnes ayant cette bonne capacité de réglage et de compréhension de leurs émotions sont moins vulnérables :

• au stress,
• aux états d’anxiété,
• « ils contiennent » plus facilement les maladies cardiovasculaires et autres pathologies.

Ce contrôle de soi empêche même certaines tumeurs car si elles sont négatives, les émotions libèrent des hormones et neurotransmetteurs (comme le cortisol et l’adrénaline) qui eux, ont des effets négatifs sur le fonctionnement de l’organisme.

Donc,

• reconnaître
• comprendre
• exprimer
• régler
• utiliser de manière appropriée les émotions

présentent de nombreux avantages.

Que serait notre vie sans émotions ?

Une grande conquête serait d’en être conscients !

Eric Gimbert,
Adaptation française des écrits de Stefano Centonze,
auteur de : Intelligenza Emotiva

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